Objectif: combattre la malnutrition des enfants et des femmes allaitantes
Projet: création d'une ferme à Spiruline à Agadez (Niger)
La genèse: fortement marqués par un voyage au Niger, il nous importait de trouver un moyen de venir en aide à ce peuple digne mais totalement isolé (et oublié) dans le nord du Niger.
Mais que faire ?
Il est clair maintenant qu'il ne suffit pas d'apporter une aide financière. Il faut responsabiliser les Nigériens, impliquer les Touaregs.
La malnutrition des enfants, des femmes allaitantes et de personnes âgées était au centre de notre réflexion.
La solution nous est apparue comme une évidence au détour d'une conversation fortuite avec un jeune homme à Bordeaux (Thomas). Il nous a parlé de la spiruline et de ses propriétés. Ses propos ont été confirmés lors d'un séminaire sur la spiruline au festival Afrikabidon (à St Remèze, Ardèche).
Les motivations: l'exploitation d'une ferme à spiruline a un objectif triple (donner du travail à des adultes, combattre la malnutrition, apporter une aide humanitaire). Elle est totalement écologique car faiblement énergivore (ne nécessite que peu d'électricité et très peu d'eau comparé à une culture classique, culture et consommation sur place). Et finalement elle est Solidaire (une partie de la récolte est distribuée gratuitement) et Equitable (les exploitants sont payés au juste prix).
Les moyens techniques: sans trop rentrer dans les détails, il faut un terrain avec un accès à l'eau et à l'électricité, un local fermé, quelques bassins de faible dimension, des agitateurs, une presse, un séchoir ... et du soleil !
Le modèle économique: en régime de croisière la vente de 80% de la récolte doit permettre de générer un salaire aux employés, de payer l'eau, l'électricité et les engrais tout en permettant de distribuer gratuitement 20% aux personnes les plus démunies. A ce moment là, la ferme doit être autonome et auto-suffisante.
Le démarrage: avant d'atteindre ce régime de croisière il faut mettre en place les moyens techniques décrits ci-dessus et, chose importante, former les exploitants.
Principales phases et agenda provisoire
Les différentes phases du projet.
Idrissa
Organisation
Comme toujours, le nerf de la guerre est l’argent. Pour pouvoir réaliser les différentes phases décrites ci-dessous, il faut d’un coté collecter des fonds, et d’un autre coté s’assurer que ces derniers sont utilisés le plus efficacement possible en Afrique.
Pour avoir une légitimité auprès des donateurs et des services publics nous avons créé l’association Mémoires de Femmes qui est composée de deux bureaux. Un bureau Français et un bureau Nigérien
Bureau Français: voir l’onglet «L’Association»
Bureau Nigérien: constitué comme en France de 6 personnes, mais avec des rôles et des droits différents
Fonctionnement:
Le bureau Français est en charge de collecter les fonds par l’organisation de diverses manifestations (voir plus bas). Il est le seul à pouvoir décider de l’utilisation des fonds récoltés. En fonction des besoins, il transfert de l’argent sur un compte ouvert à Agadez auprès du Crédit Mutuel du Niger.
Le bureau Nigérien est en charge de surveiller toutes les activités à Agadez. Toutes dépenses faites doit absolument donner lieu à une facture. Pour toute dépense supérieure à 500€ / 325.000 FCFA, il doit impérativement demander l’accord au bureau Français. Il doit, périodiquement, faire un compte-rendu et tenir une comptabilité rigoureuse qui sera introduite dans la comptabilité française.
Etude de faisabilité
Pour faire cette étude de faisabilité, sans rentrer trop dans les détails, nous nous sommes appuyés sur des données provenant de la ferme à spiruline de Dogondoutchi.
En 2013, le kg de spiruline se vend au Niger au prix de 15.000 FCFA (23€).
La production de Dogon est de 25 à 30kg / mois avec une surface de bassin de 250m2 (4x50m2 + 2x25m2)
Avec une surface similaire, il serait donc possible d’avoir un revenu de 25x15.000=375.000 FCFA (570€)
Il sera donc possible de rémunérer 3 personnes (2 spiruliniers + 1 gardien) et de payer l’eau, l’électricité et les intrants. Le salaire reste à définir mais sera dans une fourchette de 32.500 à 52.000 FCFA (50 à 80€).
La quantité et le prix des intrants sont à l’étude.
Mais cette première approche nous permet d’affirmer que le projet est viable.
Prospection et terrain
En 2012, nous avions pris une option sur un terrain nu (payé 1000 €) situé en dehors d’Agadez. Entre temps notre antenne locale a trouvé et proposé un terrain se situant dans la ville d’Agadez. Hormis l’avantage d’être plus proche des habitants et des potentiels consommateurs, la proximité d’une arrivée d’eau et d’électricité était intéressante. De plus ce terrain avait déjà un mur d’enceinte (obligatoire pour ce genre d’installation) ainsi qu’une maison à finir.
D’une surface de 600m2 avec une maison de 100m2 totalement située dans un coin, il reste 500m2 pour la construction des bassins.
La maison est assez grande pour y accueillir un petit laboratoire, un local de stockage des intrants ainsi que le logement pour le gardien.
Les spécialistes de l’Afrique nous ont toujours conseillé d’impliquer les Nigériens dans le projet. Nous avons donc demandé au propriétaire du terrain de prendre 1.300.000 FCFA (2.000€) à son compte. Cette somme lui étant payé uniquement lorsque le ferme sera devenue rentable. Nous lui avons également rétro-cédé le terrain nu préalablement acquit. Le solde étant payé par l’association.
Campagne de sensibilisation
Le but est de faire connaître les bienfaits de la spiruline. Aussi bien pour ceux qui la prescrivent / recommandent que pour les bénéficiaires.
L’extrême richesse de la composition de la spiruline en fait un complément alimentaire apportant des bénéfices dans des domaines très variés (cholestérol, problème de peau, récupération physique), mais dans notre cas, c’est le combat contre la malnutrition qui est la principale cible.
Et là nous nous heurtons contre le symptôme du ventre plein. Comment expliquer que 3 cuillères de spiruline apporte autant de protéines que 400g de viande alors qu’on a aucune sensation de satiété ?
Comment expliquer l’utilité des vitamines, des minéraux et autres acides aminés à une personne souffrant de carences alimentaires ?
De plus nous nous heurtons, dans ce domaine, de plein fouet avec le « Peanuts Plan » mis en avant par l’armada américaine.
Pour la population, le meilleur média est le bouche à oreilles. Il n’y a pas meilleur ambassadeur qu’une maman dont l’enfant a été sauvé grâce à la spiruline.
En 2015, alors que le circuit de vente est encore inexistant, mais que la production a démarré, la distribution gratuite peut apporter ses fruits.
La radio est beaucoup écoutée. Faire la promotion de la spiruline sur ce média semble un bon vecteur de communication.
Convaincre les autres ONG est également une nécessité. Mais nous nous heurtons à 2 obstacles : soit les décisions sont prises en centrale (loin du terrain), soit elles sont prises localement et les décideurs changent très souvent de poste.
Les conditions géopolitiques en 2015 rendent les déplacements au Niger très délicats et font que les campagnes de grande sensibilisation sont pratiquement impossibles.
Réseau de distribution
Le mode de fonctionnement en régime de croisière, calqué sur celui d’autres fermes en activité, est de vendre environ 70% de la production et de distribuer gratuitement les 30% restants.
La vente de la spiruline est nécessaire pour assurer l’autonomie et la pérennité de la ferme. Les résultats de la vente permettront de payer les salaires (3 personnes), les intrants et toutes les charges (eau, électricité et autres frais de fonctionnement). Idéalement, la spiruline devrait être vendue pour lutter contre la malnutrition à d’autres institutions humanitaires telles que la Croix Rouge ou Médecins du Monde. Mais toutes les pistes sont à étudier, avec comme limites que la spiruline sera consommée sur place et pas exportée.
La distribution gratuite est évidemment plus aisée et pourra se faire, par exemple, au travers des médecins de brousse qui ont accès aux peuplades les plus reculées.
Il faudra veiller à ce que la distribution gratuite ne vienne pas « polluer » le circuit de vente.
Durant nos séjours aux Niger (janvier 2013 et 2014), nous avons commencé à prendre des contacts avec la Croix Rouge, UNICEF, des médecins (prescripteurs) ou encore les centrales d’approvisionnements des pharmacies, mais nous nous sommes toujours heurtés à une vision très basique du commerce avec comme réponse : « venez nous voir quand vous aurez de la spiruline.
En ce début d’année 2015 nous n’avons pas réussi à faire avancer ce sujet, qui de plus est, après avoir pris la décision de ne pas faire notre voyage annuel au Niger pour cause d’insécurité.
L’aide et la proposition de partenariat avec Aréva ont été accueillis comme une délivrance.
Aréva propose d’organiser, et de subventionner, une étude de marché avec l’aide d’Antenna.
Vous trouverez les avancées de cette étude ici.
Durant la réunion de démarrage quelques premières idées ont été lancées :
-Positionnement de la spiruline : il faudra avoir un message clair. La spiruline n’est pas un médicament (miracle) mais un aliment, ou plus précisément un complément alimentaire.
-Manger un aliment poussant dans l’eau est un changement culturel. C’est vrai en Europe et encore plus vrai en Afrique (on peut faire un parallèle avec la pomme de terre, importée d’Amérique du Sud au 15ème siècle, qui attirait la suspicion car poussant sous la terre. C’est sa réponse à la famine, car facile à cultiver et à conserver, qui fit en premier sa notoriété…)
-Même si la consommation de la spiruline en Europe (aliment de complaisance) n’a rien à voir avec celle de l’Afrique (principalement malnutrition), il ne faut pas négliger cette première. En effet, l’Africain est plus enclin à consommer un aliment qui est également consommé dans « les pays riches ».
Construction de la ferme (pour voir cela en image)
La construction a débuté au mois d’avril 2013. Les murs d’enceintes ainsi que le batiment avaient été réalisé de façon traditionnelle en banco.
L’avantage de ce matériau est de ne pas être trop cher et d’être un parfait isolant contre la chaleur. L’inconvénient est qu’il se dégrade rapidement en contact de l’eau. Il résiste très mal à la courte saison de pluie.
La solution est de le recouvrir avec une mince couche de crépis.
Nous avons donc fait réhausser tous les murs (meilleure protection contre les intrusions et le vent), déplacer le portail d’entrée avant de les faire crépir.
Le batiment a également été ré-agencé. Désormais il est composé d’un petit préau, d’un coin douche-toilettes, d’un laboratoire, d’un bureau et d’une pièce permettant de stocker les intrants.
Toutes ces modifications ont été réalisées dureant l’année 2013.
Lors de notre séjour début 2014, sous notre surveillance et conseil, le réseau électrique a été installé (même si pour l’instant le réseau domestique s’arrête encore à une centaine de mêtre de la ferme) et le premier bassin a été construit.
Même après notre départ, sous la direction de notre Président local, Amou Dufauret, les travaux ont continué.
Le deuxième bassin est sortie de terre, les murs et le portail ont été peints, des faux-plafonds ont été installé et des meubles ont été livrés.
En septembre 2014, nous avons acheté en France une camionnette dans laquelle nous avons chargé divers matériels (offerts en France, introuvable ou de mauvaise qualité au Niger).
Principalement : bâches pour les bassins, toiles d’ombrage, plastique pour la confection des roues à aubes, centrale photovoltaïque, sachets pour la spiruline, matériel électrique de Hager, microscope, etc…
La camionnette a ensuite été entièrement comblée avec des habits pour enfants que l’on nous avait offert avant d’être acheminée par BIP Humanitaire de Paris à Niamey.
Le trajet du Havre jusqu’à Niamey s’est bien passé et n’a duré que 2 semaines.
Il a fallu le même temps pour traverser la douane à Niamey. Après d’innombrables tracasseries douanières (il a fallu payer des taxes sur du matériel offert) et le versement de bakchichs tout le matériel et la camionnette ont pu terminer leur voyage jusqu’à Agadez.
Entre fin 2014 et début 2015, toutes les constructions ont été finies (pressoir, séchoir). Les bâches ont été installées ainsi que les toiles d’ombrage.
La production pouvait commencer…
Vous pouvez suivre son évolution sur cette page ou dans l’album
Formation du personnel
La formation a été assurée par la ferme de Dogondoutchi. Deux personnes ont suivi cette formation pendant 1 mois. A l’issue de cette formation elles sont capables d’assurer la production de la spiruline.
Cette formation a eu lieu en novembre 2014. Elle a été complété lors du démarrage de la ferme. En effet, le formateur est venu à Agadez pour amener et ensemencer la première spiruline. Son premier séjour a été de 2 semaines. Il reviendra une deuxième fois fin mars. Nos spiruliniers auront alors toutes les connaissances pour assurer l’entretien, la surveillance, la récolte, le séchage, le conditionnement, etc...
Démarrage et production
Nous bénéficions depuis le début de notre aventure du savoir faire de deux spiruliniers
-Christine Ohresser: elle gère une ferme à spiruline à Plobsheim (sud de Strasbourg)et est un membre actif de l’association (Spiruline du Moulin)
-Thomas Gabrion : il gère une ferme à spiruline à Saint-Estèphe (sud d’Angoulême). Il a une grande expérience des fermes en Afrique après avoir travaillé pour Antenna. Il est président de l’association Icares Spiruline
Ces deux personnes nous permettent de prendre les meilleures choix techniques concernant la définition et la construction des bassins, les agitateurs, les séchoirs, etc..
Le premier bassin a été ensemencé début 2015. La souche a été achetée à Dogondoutchi. Le formateur est venu de cette ferme et a supervisé le démarrage tout en complétant la formation des spiruliniers.
Durant l’année 2015, uniquement les 2 petits bassins sont exploités. Tant que le circuit de vente n’est pas opérationnel, inutile de faire de la surproduction.
...
Collecte de fond
Le bureau français, aidé par quelques membres très actifs, organise et participe à de nombreuses manifestations telles que vente d’articles à des brocantes, ventes de bijoux et d’artisanat Nigériens, conférences, concerts, marches solidaires, ... (la liste n’est pas exhaustive, un court résumé de toutes les activités peut être trouvé ici )
La vente de carte de membre est également une belle rentrée d’argent. Le prix minimum d’une carte de membre est actuellement de 10€, mais chaque membre bienfaiteur est en droit de donner une somme supérieure. A partir de 30€, l’association délivre un reçu fiscal donnant droit à une réduction d’impôt de 66%
Nous sollicitons également des entreprises locales ou travaillant avec l’Afrique
Suivi
Ce texte sera compléter quand la ferme sera opérationnelle.